dimanche 8 février 2009

Slumdog Millionaire : chronique d’une réputation surfaite

Depuis septembre et sa présentation au Festival du Film de Toronto, tout le monde dans les cercles du cinéma n’a que ce titre sur les lèvres, Slumdog Millionaire. Le nouveau long-métrage de Danny Boyle serait, comme il se murmure, LE film de l’année. Un buzz qui n’a fait que s’amplifier avec la sortie du film aux Etats-Unis en novembre, suivie des premières et nombreuses récompenses qui sont venues jalonner son parcours.

Le paroxysme de cette fièvre générale devrait culminer aux prochains Oscars, dans deux semaines, où le film a des grandes chances de rafler les statuettes du Meilleur Film et du Meilleur Réalisateur (au moins !). Je me méfie toujours un peu de Danny Boyle, cinéaste touche-à-tout, parfois brillant, souvent bancal qui a pourtant signé son film le plus abouti l’année dernière, l’aventure psycho-spatiale Sunshine.

De toutes parts, je n’ai lu et entendu que du bien de Slumdog Millionaire. Devant un tel enthousiasme collectif, je ne me doutais pas une seconde que la vision du film constituerait la plus grosse déception de ce début d’année 2009.

Voici les raisons pour lesquelles Slumdog Millionaire nemérite pas, à mes yeux, tant de déférence :

- Parce que si je m’intéressais à « Qui veut gagner des millions ? », je regarderais l’émission à la télé. Or ce n’est pas le cas, et la version indienne, présente pendant un bon tiers du métrage de Boyle, n’est pas plus intéressante ou surprenante que la version Foucault.

- Parce que Danny Boyle retrouve le style tape-à-l’œil qu’il avait pourtant joliment délaissé le temps de Sunshine.

- Parce qu’à tellement revenir sur le plateau télé et à se focaliser sur la bluette sentimentale, Boyle oublie trop de s’attarder sur la richesse potentielle du cadre de son film : les bidonvilles de Mumbai, les tensions religieuses, la lutte pour s’extraire de la pauvreté, qui ne sont que vaguement effleurés au long du film

- Parce que la différence d’âge des comédiens Dev Patel et Freida Pinto est tellement évidente qu’on ne croit pas une seconde en leur couple censé avoir le même âge.

- Parce que l’émotion n’est pas au rendez-vous. Tout ce clinquant, tout ce pseudo suspense télévisuel, tout ce défilé d’anecdotes noie les sensations que devrait procurer le film.

- Parce qu’une fresque de Bollywood époustoufle mille fois plus visuellement, enchante mille fois plus émotionnellement, et contre toute attente réfléchit plus socialement que ce Slumdog Millionaire qui sait se montrer sympathique mais ne se montre pas à la hauteur de sa réputation.

Si c’est le cadre indien et romanesque qui vous a plu, tournez vous vers un bon film de Bollywood, un Devdas, un Swades, un Veer Zaara, et préparez-vous à un vrai déluge d’émotion, de splendeur et d’amertume.


2 commentaires:

Michael a dit…

Pfffffff ! ;)

David Tredler a dit…

Je sais, je sais... ^^

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