dimanche 15 février 2009

Un week-end au ciné - Chapitre 1

Je manque de temps pour rendre compte pleinement de tous les films que je vois. Plutôt que de me contenter de sélectionner un film au hasard de mes goûts et humeurs, voici une tentative différente : raconter mon week-end (ou ma semaine) ciné régulièrement, ce qui ne m’empêchera pas à chaque fois que l’envie m’en prend de mettre en lumière un film me tenant particulièrement à cœur (ou me gonflant profondément !). Et comme ça vous aurez une idée de ce que je pense de (presque) tous les films que je vois, toujours agrémenté des petites anecdotes de visionnage.


Essayons donc. D’autant que ce week-end de février a été fructueux en films, avec pas moins de six excursions en salles. La première eut lieu vendredi au MK2 Quai de Seine, à la découverte de Doute, le premier film de John Patrick Shanley depuis Joe contre le volcan en 1990. Un bail. Depuis, Shanley s’est fait dramaturge avec la pièce « Doute » contant l’affrontement entre une nonne revêche et un prêtre progressiste dans l’Amérique des années 60.


Shanley attire dans les filets de ses dialogues savoureux Meryl Streep, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams et Viola Davis. Quatre comédiens qui, fait rarissime, se trouvent tous nommés aux prochains Oscars, Streep en tant que Meilleure Actrice et les trois autres en Meilleurs seconds rôles. Et à la vision du film, on se demanderait presque pourquoi, tant le talent des acteurs et les dialogues bien sentis ne servent qu’un scénario et une mise en scène propres et attendus. Rien de révolutionnaire.


Au moins y a-t-il le plaisir du jeu, ce qu’on peut difficilement accorder aux Seigneurs de la Guerre, vus le lendemain à l’UGC Ciné Cité Les Halles. Le film chinois, « le plus gros succès de tous les temps en Asie » selon la campagne de promo, s’avère une indéniable déception pour qui (comme moi) s’attendait à une épopée flamboyante. Peter Chan, déjà responsable du raté Perhaps Love, tricote comme il peut cette succession de scènes guerrières sans attrait, manquant de lier les intrigues géopolitiques à l’action. Quand on sait que le film a bénéficié de pas moins de huit (!!!) scénaristes, on ne s’étonne pas du méli-mélo trop formaté qui se dégage de l’ensemble, malgré un dernier acte plus intéressant pace que plus nuancé et osé.


Du coup je n’en veux pas le moins du monde au mec un peu allumé se trouvant au deuxième rang qui a passé le film à s’exclamer et se marrer devant le spectacle. Il n’avait pas tout à fait tort.


Cette déception m’a également aidé à apprécier Ce que pensent les hommes dans la foulée, la comédie romantique de Ken Kwapis alignant un casting féminin monstre (Jennifer Aniston, Jennifer Connelly, Scarlett Johansson, Drew Barrymore). Cette observation légère des relations homme/femme passe étonnamment bien compte tenu de sa durée (2h10) et n’en déplaise à certains, offre le beau rôle au mal-aimé Ben Affleck qui a fait applaudir toutes les spectatrices d’une salle 1 bondée des Halles, dans un grand geste romantique visiblement très apprécié.


Samedi soir, si je m’attendais à ce que la Saint-Valentin occupe de nombreux cinéphiles, il n’en fût rien. Dernière chance de voir Rescue Dawn lors de la rétrospective Werner Herzog à Beaubourg, la vaste salle 1 du Centre Pompidou se trouvait pleine à craquer pour découvrir cet inédit du cinéaste allemand qui traite sous forme de fiction une histoire qu’il a déjà racontée il y a 10 ans dans un documentaire : l’histoire de Dieter Dengler, pilote de l’armée de l’air américaine abattu au-dessus du Vietnam en 1965 et fait prisonnier dans la jungle par les Vietcong. Sans conteste le meilleur film vu ce week-end, Rescue Dawn est à la fois film de guerre, film de prison et survival. Herzog conte cette terrible tranche de vie avec un mélange d’âpreté et de poésie qui est souvent sa marque, à la façon d’un Terrence Malick européen (un bon cran en dessous tout de même niveau féerie visuelle).


Porté par un Christian Bale toujours aussi solide et bluffant, le film d’Herzog confirme surtout, pour ce qui est de l’interprétation, ce que je soupçonnais et qui vient de m’être donné de constater : Steve Zahn a un grand potentiel dramatique sous sa moue comique.


Dimanche, mon excursion cinéphile se déplace sur les Champs-Élysées. D’abord à l’Élysée Lincoln, petit cinéma Art et Essai à la programmation toujours aussi goûteuse, et qui est cette semaine l’une des rares salles à passer La petite fille de la terre noire, drame sud-coréen ayant remporté le Grand Prix au dernier Festival du Film Asiatique de Deauville. L’héroïne en est une petite fille de 8 ou 9 ans s’occupant de son grand frère ayant l’esprit d’un enfant de 3 ans, et de son père, travailleur des mines au chômage et malade, en pleine dérive.


Sobre, attachant, La petite fille de la terre noire rappelle le cinéma de Lee Chang-Dong (Oasis, Secret Sunshine), maître du cinéma mélodramatique coréen moderne, le lyrisme en moins. Avec une comédienne haute comme trois pommes admirable. A la sortie du film, je tombe sur un de ces cinémaniaques que je croise régulièrement dans l’un ou l’autre des cinémas de Paris. Aujourd’hui, c’est celui que j’appelle « l’homme aux sacs plastiques », habillé toute l’année comme si on était en été, à savoir en ce mois de février en T-shirt et espadrilles aux pieds, portant toujours avec lui un sac en plastique plein de je-ne-sais-quoi.


Mais je n’ai pas le temps de m’attarder pour voir s’il a lâché la Cinémathèque où je le vois habituellement pour la séance suivante du film coréen, car les héros de Push m’attendent dix minutes plus tard au Publicis, en haut des Champs. Tout l’intérêt de cette histoire de « on est des gens pas ordinaires avec des super pouvoirs et on vit parmi vous sans que vous le sachiez mais on est pourchassé par le gouvernement américain qui veut faire de nous des machines de guerre alors on se planque à Hong Kong » (on reprend son souffle), réside dans le cadre, Hong-Kong. La ville bouillonnante de Chine offre une atmosphère intéressante au film, assez divertissant mais pas le moins du monde transcendantal.


Voilà pour ce qui est de mon week-end ciné. Ce n’est pas encore cette semaine que j’ai eu le temps de voir L’étrange histoire de Benjamin Button. La semaine prochaine peut-être ?

Aucun commentaire:

over-blog.com