mercredi 16 septembre 2009

J'ai marché sur la Lune avec Sam Rockwell

L’Étrange Festival, dernière. La salle amphithéâtre du Forum des Images aurait difficilement pu être plus pleine que samedi après-midi, pour l’un des films évènements de la manifestation. Quelques semaines après sa sortie américaine, et longtemps avant qu’on puisse le revoir sur un écran hexagonal, Moon a à l’évidence attiré une flopée de curieux, probablement aimantés par une réputation en béton armé glanée par le film depuis ses débuts à Sundance en janvier dernier.

Les places étaient chères pour qui ne voulait pas se retrouver sur les côtés, chacun se ruant sur les sièges les mieux placés (moi le premier rang de l’amphi du Forum me convient donc aucun souci), comme ont pu amèrement le constater Jean-Michel Jarre et Anne Parillaud (ils sont encore ensemble ceux-là ?), exilés dans un coin de la salle.
Mais quel est donc ce petit film de science-fiction déchaînant la curiosité cinéphile ? Le héros se prénomme Sam. C’est un astronaute stationné sur la Lune où, dans un futur proche, l’homme a enfin construit une base spatiale fournissant une énergie essentielle à la Terre. Sam est seul sur le satellite de la planète bleue depuis bientôt trois ans. Dans 15 jours, il sera relevé et pourra rentrer chez lui. Mais quelque chose d’inattendu va modifier son plan de travail…

La science-fiction est un genre aussi codifié qu’il est incontournable. Il est facile de le prendre pour acquis, dès lors il devient indispensable de surprendre le spectateur par une approche originale. Ce que réussit Moon de façon remarquable. Première réalisation de Duncan Jones (pseudonyme qui cache le fils de David Bowie), ce long-métrage qu’on pourrait qualifier de minimaliste dans sa forme (tout le film se déroule dans la base lunaire) ne nous emmène pas là où on l’attend.

De ce que j’avais vu et lu de Moon, je voyais déjà le film suivre un schéma classique pour ce genre de pitch : hypothèse A, l’homme seul dans un espace confiné pète les plombs et a des hallucinations, ou hypothèse B, l’homme seul se trouve confronté à une entité inquiétante. Pourtant il n’en est rien. Duncan Jones explore une autre facette du genre, une facette inattendue, en semant des fausses pistes. Oui, Sam, seul là haut, semble être en train de péter les plombs. Oui, ce drôle d’ordinateur de bord répondant au nom de Gerty rappelle le HAL de 2001 et ne semble pas franchement honnête.

Mais non. Moon, ce n’est pas ça. En même temps, difficile d’en parler sans dévoiler justement la fraîcheur du sujet, même si tout est dévoilé assez rapidement. Il ne s’agit pas d’un film à grands effets, tiroirs et twist final. Moon est une sobre et délicate réflexion sur l’identité. Sur ce qui fait de nous un être humain. Ce qui nous différencie, ou non, les uns des autres. A l’heure du virtuel, et de nos questionnements sur notre rapport à l’espace et au temps, Moon pose un regard fascinant sur un des possibles aspects de l’avenir de l’humanité.

Je ne dévoilerais pas ici le mot clé qui déflorerait trop le plaisir que l’on a à découvrir le film. Il me suffit de mentionner l’irréprochable maîtrise formelle du sujet avec un budget réduit, le remarquable souci du scénario de se tenir loin d’effets inutiles et de sensationnalisme. Il me suffit de mentionner l’extraordinaire performance de Sam Rockwell, seul devant la caméra pendant 1h30, et faisant montre d’une capacité à canaliser son habituelle intensité avec une force incroyable.

Moon fait partie de ces petits films préférant le potentiel philosophique et émotionnel de la science-fiction à l’action et l’aventure. On ne peut que l’en remercier tant le résultat est probant.

Aucun commentaire:

over-blog.com