vendredi 9 avril 2010

Vent de fraîcheur sur la comédie française

A l’évocation de l’expression « comédie française à succès», un tas de films se bousculent dans les mémoires collectives, pas forcément fins et jouissifs (pas dans la mienne en tout cas). Si l’on excepte les formidables OSS 117 de Michel Hazanavicius, rares sont les comédies multimillionnaires au box-office qui valent mieux que quelques rires, à l’image des Bienvenue chez les ch’tis, Camping et autres Petit Nicolas qui n’ont de mémorables que le nombre d’entrées en salles.

Un vent d’air frais souffle donc en ce moment dans les salles françaises, car pour une fois, le carton incontournable de la comédie française le mérite amplement. Plus de 2 millions d’entrées en 3 semaines (avec un taux de remplissage phénoménal des salles) pour L’arnacoeur, un premier film qui bouscule les habitudes de l’humour à la française.
Stricto senso, L’arnacoeur navigue plutôt dans les eaux de la comédie romantique, un genre plus ou moins non-existent en France. En général, lorsque le cinéma hexagonal s’attaque au genre plus typiquement anglo-saxon, ça ne ressemble qu’à une pâle copie d’originaux déjà souvent mineurs.

Avec L’arnacoeur pourtant, Pascal Chaumeil réussit un truc de dingue : faire une comédie romantique française hilarante et jouissive. Son film dépasse non seulement le carcan de la comédie à la française, mais il dépasse également celui de la comédie romantique à l’américaine en utilisant ses codes et y insufflant une vitalité toute européenne. Chaumeil ne cherche pas à calquer ce qui s’est déjà fait outre-manche ou outre-Atlantique. Le jeune cinéaste français avance plus dans le sens d’un Riad Sattouf avec ses Beaux gosses : un cinéma référentiel, embrassant ce que notre époque peut compter de contre-culture pour la transformer en une arme de rire massif.

Romain Duris y campe un briseur de couples professionnel. Son boulot, c’est de séduire des femmes pour les faire quitter leurs compagnons, payé qu’il est dans cette tâche par un proche de la future victime. Pour l’assister dans ces missions parfois périlleuses, il s’appuie sur sa sœur maline et son beau-frère gauche. Leur petite entreprise est au bord de la faillite, et pour la sauver, la bande accepte de planifier la conquête d’une fille de riche sur le point de se marier à Monaco avec un britannique, alors que le couple a l’air parfaitement heureux. Une entorse à leur étique, mais leur situation ne leur permet pas de jouer la fine bouche.


L’histoire a beau être simple et prévisible, le scénario est en béton armé. Les personnages sont croqués avec humour et tendresse, les dialogues finement ciselés, et le rythme imprime constamment la pellicule. Romain Duris, un comédien aussi à l’aise dans le cinéma d’auteur pointu que dans le divertissement intelligent, excelle en séducteur millimétré. Vanessa Paradis, dans le rôle plus ingrat de la fille à séduire, se fait certes éclipser, mais n’importe quelle actrice l’aurait été. Surtout lorsqu’en plus du numéro imparable de Duris (aaaaah, la séquence « Dirty Dancing », un régal), Julie Ferrier et son compagnon de fiction François Damiens apparaissent à l’écran. Le comédien belge, comme toujours délicieusement drôle, dynamite le film. Il lui suffit d’ouvrir la bouche pour voler les scènes dans lesquelles il apparaît, en adéquation parfaite avec les dialogues savoureux. Son numéro de pathétique attachant tire invariablement les rires.

Les spectateurs accourent, et pour une fois, on ne se demande pas pourquoi. Devant un film si drôle, enjoué, survitaminé, la jubilation est constante. Comment s’étonner ?

Parallèlement à la franche réussite de L’arnacoeur, il y a en ce moment une autre comédie française valant le coup d’œil, la seconde réalisation de la comédienne Anne Le Ny, Les invités de mon père. Parce que le film illustre magnifiquement ce qu’est une alchimie parfaite entre deux comédiens, ici Fabrice Luchini et Karin Viard, qui provoquent constamment des étincelles en frère et sœur devant gérer la lubie amoureuse de leur père Michel Aumont, épris d’une émigrée moldave. Luchini et Viard sont au diapason d’une écriture qui sait se montrer irrésistible (« Quand je t’ai dit de te lâcher, c’était sur le nombre de blinis, pas sur un inceste échangiste !! »).

Deux bonnes comédies françaises qui offrent avec talent du succès au genre, histoire de compenser l’arrivée prochaine d’un Camping 2 qui aura peut-être autant de succès en salles, mais certainement pas la même saveur gustative…

4 commentaires:

Michael a dit…

Pour info, Pascal Chaumeil n'est pas vraiment un "jeune cinéaste". Je ne sais pas exactement son âge mais doit avoir une bonne quarantaine d'années. Avant de faire l'arnacoeur, le type a en effet été assistant réal et réal de seconde équipe sur bon nombre de films (notamment les films de Besson) et a fait énormément de téléfilms et séries (notamment pour Canal).
L'Arnacoeur est pour lui un pur film de commande - comme à Hollywood ! ;-)))

David Tredler a dit…

Tu te trompes Michael, Pascal Chaumeil est un jeune cinéaste. Il aurait 82 ans qu'il serait un jeune cinéaste. Lorsqu'on réalise un premier film, on est un jeune cinéaste quelque que soit l'âge ^_^

Line a dit…

le scénario était une vraie copie d'un film américain, quoique le jeux des acteurs était excellent! Le réalisateur n'a pas trouvé de scénario original, le film me fait drôlement penser à un film avec Will Smith, mais je ne connais pas le titre!!!

Line a dit…

voilà le film en question est Hitch!!

over-blog.com