lundi 21 février 2011

J'ai testé le cinéma kirghize

La diversité au cinéma, il n’y a que ça de vrai. Si quand j’étais ado je me contentais avec bonheur des films français et américains, plus quelques exceptions par-ci par-là, cette époque est loin derrière moi. Plus le temps passe, plus mon envie de cinéma chemine par un désir d’ailleurs. De tous les coins du monde. Je n’arrive plus à me satisfaire des films dont tout le monde parle. Je veux voir aussi ceux qui m’emmèneront ailleurs à la découverte d’hommes, de femmes, de cultures et de paysages qui me transporteront dans la nouveauté. C’est cette curiosité qui m’a poussée peu à peu vers le cinéma coréen. J’aime désormais mettre mon confort de spectateur en danger et goûter à tout (jusqu'au cinéma bulgare).

J’ai commencé 2011 en douceur, avec à peine plus de vingt passages dans les salles obscures pour le moment, mais j’ai réussi à aller fureter un peu partout. Ainsi, entre les films américains et français de rigueur, j’ai pris le temps depuis le 1er janvier d’aller explorer des films espagnols, britanniques, mexicains, japonais, canadien, chinois et argentin (et j’ai bien l’intention d’en voir un iranien et un chilien dans les jours qui viennent…). Et kirghize. Ce n’est pas tous les jours qu’il est donné de voir un film de cette petite contrée asiatique de l’ex URSS. Alors forcément, ma soif de films exotiques (et oui, le Kirghizstan c’est exotique au cinéma !) a répondu présente pour voir à quoi cela ressemblait, un film de là-bas.

Le film en question, c’est Le voleur de lumière, un film de festival notamment passé par la Quinzaine des Réalisateurs 2010 qui va sortir en salles dans quelques jours. Le réalisateur, Aktan Arym Kubat, interprète lui-même le rôle-titre du film : un électricien fournissant illégalement de la lumière à ceux de son village qui n’ont pas les moyens de payer l’électricité. Tout le monde l’appelle Monsieur Lumière. Il va de maison en maison éclairer les autres, rêvant d’éoliennes pendant que la région est suspendue aux élections qui voient des hommes en costards sans scrupules traîner dans les environs. Avec sa bouille mi-tragique mi-comique qui rappelle Takeshi Kitano, Aktan Arym Kubat est le cœur d’un film qui sous le calme et la simplicité cache un portrait attentif et engagé sur la situation du pays. Un pays qui depuis qu’il est sorti du giron soviétique peine à se stabiliser politiquement et où la corruption gangrène la société.

Sous ses atours de film posé, Le voleur de lumière s’inquiète de cette instabilité constante, de ces dents longues venant renifler l’herbe là où elle est à brouter. Il s’inquiète de cette recherche de profit et de pouvoir se faisant toujours au détriment des plus faibles. Derrière les sourires de la fiction, Kubat dessine en filigrane l’incertitude, la mélancolie. Mais sourires il y a bien. Le voleur de lumière s’appuie sur une légèreté parcourant joliment le film. A commencer par ceux de cet électricien Robin des Bois, escaladant les piquets et les arbres, doux rêveur qui choisit d’embrasser son prochain sans arrière-pensée. Il y a aussi ce regard sur ses concitoyens, leurs sourires, leurs drôles de chapeaux blancs plantés sur la tête avec une bonhomie charmante et poétique. Une atmosphère cocasse se rapprochant parfois de celles du cinéma est-européen.

J’ai découvert le cinéma kirghize. Un cinéma simple, dont la douceur cache des cris sourds de détresse.

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