jeudi 15 décembre 2011

Chérie, où j'ai mis ma clé anglaise, j'ai des mangeuses de pop-corn à dézinguer !?

Dans Super de James Gunn, Rainn Wilson, justicier du quotidien, revêt son costume de super-héros ordinaire et se munit de sa clé anglaise fétiche pour aller méchamment corriger un mec doublant sans vergogne la file d’attente au cinéma. Il le fracasse avec une violence jouissive exprimant la colère qui peut nous habiter lorsque des spectateurs laissent tout civisme de côté, oublient le respect d’autrui, et piétinent votre sacro-sainte passion pour la salle obscure. C’est excessif, mais cela reflète parfaitement la lassitude qui peut gagner certains d’entre nous lorsque l’on tombe dans une salle sur quelqu’un pour qui le cinéma n’est qu’une distraction comme les autres qui ne nécessite pas plus de retenue que si l’on allait encourager son équipe favorite au stade ou que l’on regardait Nouvelle Star à la télé.

J’ai un défaut qui ne veut décidément pas se dissiper, je déteste l’inattention des autres au cinéma. Si vous lisez régulièrement ce blog, vous vous en êtes certainement déjà rendu compte. Je fais passer cela pour un défaut, même si au fond de moi je pense (je sais) que le défaut c’est l’inattention des autres. Et lorsque l’inattention passe par du bruit, j’en ferais presque un ulcère. Samedi, mes nerfs ont été mis à rude épreuve. Déjà quelques jours plus tôt, un mangeur dechips avait testé ma patience. Mais samedi, c’était un degré encore supérieur d’agacement, un degré encore supérieur de connerie humaine incarnée… et multipliée par quatre.

Pourtant avec un film d’auteur français produit par Sylvie Pialat, je me croyais à l’abri d’un public irrespectueux du film et des spectateurs. Mais non, Dernière Séance ne m’a pas protégé d’une bande d’adolescentes qui se sont installées juste derrière moi et mes amis avec chacune un seau de pop-corn et une envie de voir un film d’horreur bien sanglant. Seulement voilà, Dernière séance ne répond pas tout à fait aux critères que les demoiselles attendaient d’un film qui tranche, avec ses allures de cinéma d’auteur à plusieurs niveaux de lecture. Je les entendais dans mon dos, et compris vite qu’elles avaient choisi le film en lisant le synopsis, soit l’histoire d’un cinéphile travaillant dans un cinéma de quartier provincial qui se métamorphose une fois la nuit tombée en tueur en série.

J’aimerais pouvoir vous dire sincèrement ce que j’ai pensé du film de Laurent Achard, mais mon attention a été tellement détournée de l’écran tout au long de Dernière Séance que j’en suis sorti en ne sachant trop ce que j’avais réellement pensé du film. Car près d’une heure et demie durant, j’ai du me retenir de ne pas tomber moi-même dans la violence. J’ai réfréné des pulsions de meurtre qui m’assaillent dès qu’un spectateur me pourrit un film par son comportement égoïste et stupide. Le genre de sentiment qui vous donne envie d’attraper une clé anglaise, de vous retourner et de chercher le calme par le sang.

Les quatre filles en questions parlaient, beaucoup. Tapaient des pieds dans les fauteuils, souvent. Chantaient même, occasionnellement. Et surtout, prenaient plaisir à le faire quoi qu’en pensent le reste de la petite salle, si petite que tout le monde a pu allègrement profiter de leur présence, et pas seulement le mec se retournant constamment pour tenter de leur faire comprendre qu’elles n’étaient pas devant leur télé (oui ça c’est moi). Malheureusement, plus je me retournais, plus elles étaient contentes de se faire des ennemis, et pouffaient encore plus de rire. Ma seule victoire serait passée par l’échange de mots violents et le lancer de clé anglaise dans la tronche, exactement ce qu’elles attendaient. Alors rien. J’ai pris sur moi. J’ai laissé mon sang bouillir dans mes veines. J’ai laissé mes tempes cogner, mes poings se serrer, ma mâchoire se crisper.

Non, je ne sortirai pas la clé anglaise. Non, je ne sortirai pas la clé anglaise (bon d’accord, je ne suis pas Crimson Bolt, je n’en ai pas). Elles n’ont même pas eu la décence de quitter la salle. Elles l’ont quittée en même temps que les autres, au générique de fin, amusée de voir une dernière fois la haine dans mon regard. J’ai eu l’impression que le film m’aurait agacé si j’avais été pleinement attentif, mais peut-être l’impression était-elle biaisée par la noirceur de mes pensées pendant la projection. La prochaine fois, c’est sûr, j’aurai une clé anglaise avec moi. Au cas où.

12 commentaires:

Stella a dit…

Ah, ce que je compatis...
Ces affreux jours où on en vient à penser l'horrible "je serais mieux chez moi avec un DVD".

David Tredler a dit…

J'en viens tout de même très rarement à cette pensée extrême Stella... mais c'est vrai que devant Dernière Séance, je me suis mis à me dire "Parfois je comprends ceux qui préfèrent regarder les films chez eux...". Pour que j'en vienne à penser cela, il faut vraiment que j'aie souffert quand même ;)

I.D. a dit…

Ah la laaa... mon pauvre David. En plus, elles se sont foutues de ta gueule. Attends, je me marre un coup en imaginant la scène. :D Ok, je me calme et je reprends mes esprits. Finalement dans une salle de cinéma ou ailleurs, ça dénote un profond égoïsme de la part des gens.
Là, il n'y a pas de gruge dans la file mais combien de fois cela arrive à la banque, à la boulangerie ou bien dans un parc d'attraction. Tu dis un mot, c'est limite toi qui manque de respect.
Voilà le souci d'aujourd'hui, le manque de respect, le nombrilisme des gens qui se croient tout seul en ce bas monde. Je fais ce qui me plait et que les autres aillent se faire f*utre. J'avoue que le pitch donne envie. On dirait La Cité de la peur en plus sérieux. ;) Il était donc quasi-normal de se retrouver avec une telle populace. Un coup de clé, ça aurait pu le faire. Une bonne paire de claque aurait aussi bien fait l’affaire ! :)

David Tredler a dit…

C'est ça le pire, quand tu passes pour un connard pour oser dire que doubler dans la queue, ou parler, ou consulter son smartphone pendant un film, c'est de la stupidité et de l'égoïsme.
Mais bon ça va j'assume ^_^

I.D. a dit…

Y a moyen de se faire rembourser ? Je demande ça parce que tout de même ta mésaventure, c'est quelque chose. Alors certes, le cinéma pourra dire que c'est indépendant de leur volonté etc... n'empêche ils ont pas à laisser entrer n'importe qui. On te fout le bordel dans ton établissement, ça gêne ta clientèle, je sais pas moi... y a un truc à faire. Ok, il ou elle a payé sa place mais il se comporte super mal. Là, c'est pas juste graille des pop corn vendu dans l'enceinte même de l'établissement, c'est pourrir une séance parce qu'on s'embête et qu'on préfère rester que de partir. Il nous faudrait une police au cinéma ! Lol. ;D Le mieux c'est encore le smiley coup de pied au cul !

\|  ̄ヘ ̄|/_______θ☆( *o*)/

David Tredler a dit…

Je crois que si le film m'avait passionné je serais effectivement sorti signaler la foire qui se passait dans la salle.
Drôle de smiley pour le coup de pied au cul ^_^

Phil Siné a dit…

oh, comme je te comprends !
en plus le film est très bien soit dit en passant...
tu crois qu'en changeant de place ça n'aurait rien changé ?
tu aurais du aller à La Bastille pour le voir... je l'ai vu un samedi soir, grande salle et presque vide... ;)

David Tredler a dit…

Malheureusement dans cette petite salle, même en changeant de place, j'aurais été dérangé. Moins, certainement, mais tout de même trop... Mais je ne suis pas persuadé non plus que j'aurais été conquis par le film sans cet épisode agaçant...

Aurore a dit…

Et oui, le seul déplaisir au ciné, ce sont les autres ... Les tousseurs, les mangeurs de pop corn, les bavards ... Les têtes trop grdes qui bouchent la vue ... Les mecs qui cognent dans ton fauteuil...
Enfin, on y revient tjs !

David Tredler a dit…

Aurore, je prépare un billet somme sur ce sujet, pour un de ces jours. Ces désagréments humains dans une salle de cinéma ^_^

Anonyme a dit…

Ce qui est fou, c'est que toi et moi avons écrit le même type de texte à quelques jours près...
Je suis pour un panneau qui explique le respect d'autrui dans les salles, et des vigiles qui foutent les cons dehors ! (oui, je suis énervée)

David Tredler a dit…

Oui, un petit message qui passerait à l'écran avant le début du film rappelant le comportement de base attendu d'un spectateur dans une salle de cinéma, ça ne serait pas du luxe parfois, godsavemy !
En fait depuis quelques mois c'est pour ainsi dire un billet sur trois, ou quelque chose dans le genre, qui est consacré aux perturbations de projection en milieu cinéphile sur mon blog... Les récits se multiplient ! Pour 2012 je prévois un grand billet somme sous forme de guide ^_^

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