vendredi 23 novembre 2012

Apocalypse à la coréenne au PIFFF


A le voir ainsi s’afficher Boulevard des italiens, dans l’une des grandes salles du Gaumont Opéra, ce Paramount Opéra de mon enfance, on pourrait croire que le Paris International Fantastic Film Festival, le PIFFF pour tout le monde déjà, est implanté dans le paysage cinématographique parisien depuis plus d’un an. Pourtant ce n’est bien qu’un premier anniversaire que la manifestation fête avec cette seconde édition. Il était facile de se demander si la capitale mondiale de la cinéphilie avait de quoi loger un second festival de films de genre important, dans l’ombre de « L’Étrange Festival » qui ouvre traditionnellement le mois de septembre, et il avait suffi de la première édition pour se rendre compte que la place cinéphile parisienne regorgeait d’amateurs de fantastique, horreur et autre SF qui définissent la ligne éditoriale du festival.

Si l’an passé, le PIFFF premier du nom s’était déroulé en une poignée de jours à peine, les organisateurs de la version 2012 ont fait les choses en plus grand en étalant le festival sur dix jours. Dommage que les prix s’en ressentent également (à moins qu’en 2011, ils furent les mêmes ?), lorsque l’on voit que le pass pour le festival, donnant un accès illimité au festival, soit chargé 140 euros.  140 euros !!! Excusez-moi, je m’en étouffe encore ! Pour rentabiliser le pass, il faut être sûr de voir une vingtaine de films, rien que ça… Je me demande s’ils en ont vendu beaucoup…

Enfin, non merci pas de pass pour moi, ni d’accréditation, je suis entré par la porte des simples spectateurs au milieu de tous ces badges pendant aux cous de tant de spectateurs dans la salle. J’ai démarré le PIFFF avec près d’une semaine de retard, et c’est finalement pour un film coréen que j’ai enfin mis le pied au festival. Un film à sketchs intitulé « Doomsday Book », coréalisé par Yim Pil-Seong et Kim Jee-Woon. Le premier n’a jamais eu la primeur d’une sortie en salles pour ses longs-métrages, que ce soit « Hansel et Gretel » ou « Antartic Journal ». Le second est au contraire l’un des cinéastes coréens les mieux exportés, avec des réalisations telles que « A bittersweet life », « Deux sœurs », ou le plus récent « J’ai rencontré le Diable ». Les deux compères ont réalisé un sketch et demi chacun, si l’on peut dire.

Dans cette grande salle du Gaumont Opéra, pas loin d’être pleine, le présentateur nous a prévenu que le sketch réalisé par Kim Jee-Woon tranchait assez nettement avec ce que l’on connaît du réalisateur de « Le bon, la brute et le cinglé », précisant que si ses films sont habituellement « cosmétiques », celui-ci affichait un ton beaucoup plus sérieux. A moins qu’il ait voulu dire par là, de façon détournée et métaphorique, que le cinéma de Kim Jee-Woon est habituellement artificiel (hum...), je pense que le mot qu’il cherchait plutôt à employer était « caustique » (non ?). Car effectivement, le cinéaste a ici laissé de côté sa causticité pour se plonger dans une réflexion philosophique sans humour aucun. Cela semble par bien des aspects pompeux, cette histoire de robot dans le futur qui travaille dans un temple bouddhiste et se met à penser par lui-même, au point que les moines le prennent pour la réincarnation de Bouddha. Pourtant il s’en dégage une vraie force de caractère réflective qui transporte dans un drôle d’état second. « Heavenly Creature », c’est le titre de ce sketch, est le second acte de cette anthologie de films, qui tranche assez nettement avec le premier, réalisé par Yim Pil-Seong.

C’est « A cool new world » qui avait donc ouvert le bal, avec l’acteur Ryu Seung Beom (le frangin du réalisateur Ryu Seung Wan) qui interprète la première personne infectée par un virus qui va rapidement transformer une bonne partie de la population coréenne en zombies. Le film démarre sur les chapeaux de roues, bourré d’humour et de petites trouvailles qui malheureusement n’aboutissent qu’à un film finalement banal, ne trouvant pas de second souffle et nous guidant vers un dénouement étonnamment pépère. Cela n’en a rendu le film bouddhiste de Kim Jee-Woon que plus marquant, et le dernier segment plus efficace. Celui-ci, intitulé « Happy Birthday » est un film de fin du monde assez branque, et ça, ça le rend tout de suite très sympathique.

Imaginez plutôt le concept : un astéroïde fonce sur la Terre à une allure qui garantit la fin de la vie sur Terre, et nous prenons le compte à rebours à douze heures de l’Apocalypse. Mais à mesure que l’objet approche de notre planète bleue (verte chez les coréens), on se rend compte qu’il ne s’agit pas d’un astéroïde mais d’une… gigantesque boule de billard que la protagoniste, une gamine, avait commandé sur Internet sans se douter qu’elle condamnait ainsi l’humanité entière. Ce n’est pas génialement dingue un concept pareil ? Si, ça l’est, et en plus le sketch est à la hauteur, avec notamment de délicieuses informations télévisées qui font vivre aux coréens la fin du monde en direct sur le petit écran, dans une ambiance foutoir délicieuse, assez similaire aux scènes télévisuelles du premier sketch dans lequel le réalisateur Bong Joon-Ho fait une apparition assez hilarante en activiste qui aime taquiner de la guitare. Oui « Doomsday Book » a définitivement un grain, et ce n’est pas pour me déplaire.

Dans la salle, l’humeur était festive, entre mon voisin de droite qui chantait le thème de Dark Vador lors du dernier sketch en apercevant une figure qui rappelle légèrement le personnage de Star Wars, et mon voisin de gauche qui laissait éclater un rire assez inquiétant lorsque l’humeur lui en prenait (vraiment inquiétant). Pendant ce temps, un spectateur se marrait comme s’il croyait à une blague ou une erreur en entendant parler de la « Maison bleue », le surnom de la résidence du Président coréen, comme l’Élysée en France.

A la sortie, dans le froid retrouvé de l’automne parisien, je tombais sur Plastic Man, toujours aussi pressé et peu vêtu (en T-Shirt par ce beau temps, il n’y a que lui pour oser), et fidèle aux évènements immanquables de la cinéphilie parisienne. Allez, je ne vais pas m’arrêter en si bon chemin au PIFFF…

6 commentaires:

JK a dit…

Je suis rassuré de savoir que Plasticman va bien, je ne l'ai pas vu depuis dix jours à la cinémathèque. et hier soir il n'était pas aux 3 Luxembourg pour la rétro Tsai Ming Liang en sa présence (tu me diras y avait pas grand monde).
pour le PIFFF je suis un peu dubitatif sur les prix, après je suis peut être freiné par le fait que possédant un libre pass et une ugc mk2 illimité, j'ai du mal à mettre la main à la poche, mais je ne trouve pas que ce soit très bien foutu leur histoire.

David Tredler a dit…

Voilà, tu sais désormais où se cache Plastic man ces jours-ci. Y avait pas grand monde pour Tsai Ming liang aux 3 Luxembourg ? Dommage ! Bon en même temps personnellement je ne suis pas un grand fan de Tsai Ming Liang, mais quand même...
C'est sûr que lorsque l'on paie déjà une certaine somme par mois avec un accès immense à tout ce qui peut passer en salle à Paris, payer 140 euros pour 10 jours de festival, cela semble un peu prohibitif. Surtout si tu sors du FFCP où le pass semaine était 35 euros, tu sens la différence passer... Et à L'Etrange Festival, avec la place à 5 euros si je me souviens bien, tu peux voir plus de 20 films pour nettement moins cher que le pass du PIFFF.

I.D. a dit…

Ouh punaise, j'avais totalement zappé le rétro TML ! Dommage qu'il y avait si peu de monde. Perso', j'aime beaucoup son cinéma que l'on avait déjà pu redécouvrir lors du Festival Paris Cinéma en 2009. Ça commence à remonter et me fait penser que je n'ai toujours pas publié un seul billet sur l'un de ses films... abusé.

Au sujet de ce film sudco. Pas trop fan des films à sketch. Je n'ai suivi que de très loin ce film de KJW et son acolyte. Mais tu rejoins pas mal d'avis positifs que j'ai pu lire ici et là. Tu relèves les segments valant le coup d’œil et celui qui le vaut moins.

Quant au prix du pass du PIFF... entre eux qui donnent dans un prix exorbitant et le festival Kinotayo qui n'en propose pas, pas toujours facile d'accéder aux films comme on le souhaiterait. Même si pour ce dernier festoche le prix des tickets varient entre la séance à 2 ou 4 euros. Pour le PIFF et connaitre leurs arguments pour les 140e : http://www.mad-movies.com/forums/index.php?showtopic=33338&pid=1842882&st=0&#entry1842882

David Tredler a dit…

C'est donc bien cela, le pass vaut le coup pour ceux qui peuvent aller voir TOUS les films. Même en ne mettant des séances que le soir et le week-end, ça reste dur d'aller voir tant de films, surtout quand on sort du FFCP, hein ID ? ;)
Ils diront ce qu'ils voudront, moi je trouve quand même ça cher. Avoir un mag et un T-shirt, on s'en fout un peu, l'essentiel c'est les films, et je préférerais un prix plus abordable sans T-shirt... Mouais.

Phil Siné a dit…

eh ben voilà, je l'ai pas vu celui là... mais j'ai bien aperçu plastic man moi aussi, au cours de plusieurs projections ! :)

David Tredler a dit…

Tu aurais dû Phil !
Plastic Man, toujours immanquable...

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